17 juin 2025
La biodiversité mise à l’honneur au festival de l’Écocentre !
Par
Sarah Gaudry
Le samedi 7 juin 2025, l’Écocentre de la Tour de Salvany a accueilli plusieurs centaines de visiteurs pour son festival annuel, organisé par les associations Arthropologia et Oïkos. Objectif : faire découvrir ce lieu de nature, de recherche et d’éducation, tout en sensibilisant petits et grands à la préservation des insectes et de leurs habitats. Une journée festive et pédagogique, ponctuée d’animations, de spectacles et de rencontres, dans un écrin vivant que ses fondateurs espèrent bientôt sauver grâce à une campagne de financement participatif.
©Enn un battement d'aile
Les cris d’enfants et les voix d’adultes se sont ajoutés aux gazouillements des oiseaux et aux bourdonnements des abeilles à l’Écocentre du Lyonnais, le samedi 7 juin 2025. Ce lieu plonge les visiteurs dans une atmosphère paisible où la biodiversité est bien visible et audible. De nombreuses animations ont rythmé l’après-midi afin de faire découvrir au public cet espace naturel, mais aussi de montrer l’importance de ce lieu dans la préservation et l’étude de la faune et de la flore.
Installée à l’Écocentre depuis 12 ans, l’association Arthropologia a transformé plus de deux hectares de champs vides en un endroit extrêmement riche en biodiversité. « On en a fait un espace de vie qui nous sert d’animations, de formations et de réserve car les deux tiers des 2,5 hectares sont laissés à la libre évolution et rendus à la nature », explique fièrement le fondateur de l’association, Hugues Mouret. 4 000 arbres plantés, 3 mares creusées et des micro-habitats créés : Arthropologia a mis le paquet pour créer un espace vivant dans les monts du Lyonnais. « C’est un spot de biodiversité aux portes de Lyon », affirme Camille Proton, coordinatrice mobilisation citoyenne adulte de l’association.
Arthropologia, l’association des petites bêtes
Derrière le nom un peu énigmatique d’Arthropologia se cache une association naturaliste passionnée, fondée en 2001. « Ce n’est pas un nom très commercial, on le reconnaît volontiers », sourit Hugues Mouret, son directeur scientifique. « Peu de gens savent ce que ça veut dire, mais c’est simplement la science des arthropodes, autrement dit, des petites bêtes. » Abeilles sauvages, papillons, coléoptères… Arthropologia œuvre à la protection des insectes pollinisateurs et de leurs habitats. À l’Écocentre, l’association mène des recherches, des actions de terrain et des formations pour mieux comprendre et préserver cette biodiversité discrète, mais essentielle.

Le jardin de l'Écocentre ©En un battement d'aile
En plus d’être un réservoir de biodiversité, ce jardin permet de sensibiliser le public aux enjeux de transition écologique, comme l’explique Camille Proton. « On est actif auprès des collectivités, des agriculteurs, des professionnels des espaces verts. On accompagne tous ces publics pour les aider à adopter des pratiques favorables aux pollinisateurs. » L’association intervient également auprès du jeune public, dans des écoles et des activités proposées sur site, pour apprendre sur le terrain les bons gestes.
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À l’origine d’Arthropologia, on retrouve Hugues Mouret et quelques-uns de ses copains. Ne rentrant pas dans le moule de l’étudiant classique, il décide de créer sa propre association pour vivre de sa passion. « L’objectif à la base, c’était de savoir quoi faire de ma vie ! Ce qui m’intéressait, c’était de parler de la beauté de ce monde. Je n’étais pas trop adapté au monde économique classique. » 25 ans après sa création, Arthropologia compte plus d’une vingtaine de salariés et près de 300 bénévoles.
Un festival pour sensibiliser à la biodiversité
Depuis près de 15 ans, l’Écocentre du Lyonnais accueille du public chaque année pour une après-midi au cœur de la nature. Un événement gratuit pour rassembler autour du vivant de manière ludique et pédagogique. « Ça leur permet de découvrir le lieu que l’on a pensé comme un espace démonstrateur où l’on montre ce que l’on peut faire dans son jardin pour accueillir le vivant », explique Camille Proton. Tous les ans, les organisateurs constatent de nouveaux visages présents au festival. Pour la salariée de l’association, cet évènement est essentiel pour faire rayonner Arthropologia au-delà des villages alentours. « Ça nous permet de nous faire connaître localement, dans la métropole de Lyon et autour. On a des gens qui viennent d’assez loin. »
Sensibiliser à l’urgence d’agir pour préserver la biodiversité, c’est la priorité d’Arthropologia, mais l’association souhaite aussi apporter une ambiance festive, selon Hugues Mouret. « Alors on en profite pour parler du jardin, de la faune, de flore, de ce que les gens peuvent faire en termes de consommation de jardinage, mais on peut s’amuser à côté ». Lancés de bottes de paille, buvette et même DJ étaient également au programme dans un endroit où seule la nature peut se plaindre du volume de la musique !
Un évènement tout public pour l’écologie
Durant cette journée, tous les visiteurs étaient invités à participer à la découverte des insectes, des arbres et des jardins de l’écocentre. Pour les plus jeunes d’entre eux, des ateliers sont proposés pour s’éveiller à la nature. Mais il y a des activités pour tous les âges. On retrouve notamment l’arbre cabane créé par Audrey Ranchin et Florence Gault, un endroit en toute intimité pour raconter son souvenir le plus précieux en lien avec la nature. Des récits diffusés ensuite dans des épisodes hors-séries du podcast En un battement d’aile.
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Pour atteindre un public encore plus large, Arthropologia a ajouté une piqûre artistique à son festival annuel. Cette année, c’est la compagnie La Mouvante avec son spectacle « La couleur des tempêtes » qui s’est produite devant un public intrigué par ses deux femmes dansant pieds nus. « Il y a des gens qui vont venir parce qu’ils sont intéressés par un spectacle de danse ou de théâtre et ça leur permet de découvrir la biodiversité », explique Camille Proton.

Hugues Mouret, lors d'une visite du jardin ©En un battement d'aile
Hugues Mouret, directeur scientifique du site, s’occupe de la visite des jardins, et une chose est sûre, c’est un passionné des insectes, en témoignent les deux heures de visite. « Si on ne met pas les pieds dessus, pourquoi le tondre ? », dit-il devant une vingtaine de personnes attentives, avant d’enchainer sur les abeilles : « Vous savez combien il y a d’espèces d’abeilles en France ? Presque 2000 ! » Même si la mise en action pour préserver ces espaces naturels n’est encore pas à l’ordre du jour selon lui, il remarque tout de même, lors de ce festival et des ateliers organisés toute l’année par l’association, une amélioration du niveau de conscience du public. « Les questions sont de plus en plus pertinentes et les réponses de plus en plus comprises. Il y a une prise de conscience et une montée en compétence. »
Un appel aux dons pour sauver le terrain
Jusque-là locataires, les associations Arthropologia et Oïkos ont lancé fin mars un appel aux dons auprès du grand public et des entreprises afin de pouvoir racheter le terrain et les locaux de l’écocentre du Lyonnais. Les associations ont besoin de récolter 100 000 euros d’ici l’été pour sauver ce site naturel servant de recherche pour la science et de refuge pour près de 1000 espèces. Hugues Mouret en est convaincu, le terrain vaut bien plus que les mots et les discours. « Il faut des sites de démonstration, des supports d’éducation, s’en est un et on ne va pas le lâcher car c’est peut-être le seul dans la métropole de Lyon alors qu’il en faudrait 4, 8 ou 10. »
En rachetant les locaux, l’association a pour objectif de protéger le site en mettant en place une obligation réelle environnementale. Dans ce cas, même s’il change de propriétaires durant les cent prochaines années, le site restera à vocation naturelle. Pour Camille Proton, ce lieu correspond parfaitement aux engagements pris par l’association : « c’est un lieu qui est en cohérence totale avec toutes nos activités d’expertise, de mobilisation du public. C’est vraiment important d’avoir un lieu comme ça fédérateur. »