Tournoi d’écologie populaire à la Duchère : sensibiliser les jeunes par le sport

Barnums, tables de ping-pong, paniers de basket, jeux de cartes… À 14h, les organisateurs finissent de mettre en place leurs stands au 4 rue Victor Schoelcher, dans le quartier de la Duchère, à Lyon. Certains partenaires tentent de faire tenir leur kakemono malgré le vent, tandis que d’autres scotchent les dernières feuilles pour leur jeu de piste.

Une playlist pop et rap animait déjà l’ambiance, tandis que l’heureux élu désigné pour jouer la mascotte s’apprêtait à faire son entrée. Le top départ est donné dans une ambiance festive. « Bon, les Duchèrois et Duchèroises, ça se passe ? Je ne vous entends pas ! », crie un membre de Sport en ville micro à la main. Alexine Viney, responsable du programme Transition juste au sein de l’association Makesense, motive les participants avec des places de concert à gagner.

 Remettre l’écologie au milieu des quartiers populaires

Mélanger le sport et l’écologie, c’est la recette imaginée par Makesense pour mobiliser les jeunes autour des enjeux de transition écologique. L’an passé, Sport dans la ville avait organisé la Ville en jeu afin de faire vivre les Jeux olympiques dans les quartiers populaires. Cette année,  l’organisation a décidé de réitérer l’expérience avec l’aide de Makesense.

Comme l’explique Alexine Viney, responsable de Transition Juste, les jeunes issus de quartiers populaires sont les plus exposés aux conséquences du dérèglement climatique. « Tu ne vis pas la même chose si tu habites dans une maison climatisée que si tu habites dans une passoire thermique. »

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L’un des enjeux de cet événement est aussi de leur offrir une place dans les débats écologiques, souvent peu inclusifs socialement. « Ces personnes ont très peu de place dans les mouvements écolo, il y a très peu de mixité sociale », affirme Alexine Viney. Des espaces collectifs comme ce tournoi sont donc créés pour lever ce sentiment d’injustice et répondre aux préoccupations concrètes de ces jeunes.

Sport et écologie : une double motivation

Lors de ce tournoi, Makesense a rassemblé de nombreux partenaires locaux : la Recyclerie sportive, l'AFEV, les clubs de foot et de basket du quartier, ainsi que des associations comme CoopaWatt, qui accompagne les collectivités et les citoyens dans la réalisation de projets participatifs d'énergie renouvelable. L’événement a touché un large public, incluant notamment 37 jeunes en situation de décrochage scolaire, souligne Alexine Viney.

Les participants enchaînent une série d’ateliers et de jeux, collectant des tampons  qui doivent leur permettre de gagner des lots. Au stand de la Recyclerie sportive, on invitait les jeunes à mixer leurs fruits de saison grâce à un vélo générateur d’énergie. Chez Makesense, les missions étaient variées : ramassage de mégots, micro-trottoir sur l’écologie ou encore « Pose ton rap écolo ». Autant d’approches ludiques pour parler d’écologie.

L’atelier « Pédale et réalise ton smoothie anti-gaspi » de la Recyclerie sportive ©En un battement d'aile

Pour Antoine Guerlais, membre de CoopaWatt, il est essentiel d’être présent dans ce genre d'événement. « On intervient dans des quartiers comme la Duchère, Villeurbanne, pour toucher un public différent. Souvent, dans les coopératives, c’est le blanc, cinquantenaire, CSP +, donc on essaye de toucher d’autres profils », explique-t-il.

Sensibiliser par le sport… et la musique

Au-delà du sport, des places de concert pour voir le rappeur SDM ou une journée au festival Woodstower, figuraient parmi les récompenses, mêlant écologie, musique et mobilisation. « Les 15-25 ans sont un public difficile à toucher, ils ont souvent d’autres priorités », reconnaît Alexine Viney. Pourtant, les jeunes abordent le tournoi avec enthousiasme tout en échangeant sur des sujets qui les concernent. « J’en parlerai pas tous les jours, mais c’est bien. Parfois, les humains font n’importe quoi avec la planète. C’est nous le futur », témoigne Djibril, élève de l’École de la 2ème chance. 

Pour la responsable Transition Juste, toucher leur quotidien est la clé : « Quand tu demandes aux jeunes s’ils sont prêts à faire du foot sous 50 degrés dans 30 ans, personne n’est vraiment chaud ». Margaux Clere, coordinatrice pédagogique de l’École de la deuxième chance de Lyon, est certaine que ces activités permettent davantage aux jeunes de mieux comprendre les enjeux écologiques. « Je pense que ça peut les intéresser s’ils arrivent à faire le lien avec leur vie quotidienne ». Cette après-midi festive et sportive était donc l’occasion de montrer que même dans les quartiers populaires, l’écologie n’est pas un sujet à l’écart.