Tout quitter pour un job qui a du sens

Pendant des années, Marion Azévédo a vécu avec une dissonance grandissante : engagée dans une démarche écologique sur le plan personnel, elle travaillait pourtant pour de grandes enseignes, loin de ses valeurs. « Je me suis retrouvée parfois en réunion à me dire : "pas sûr que ce soit ça dont j'ai envie..." », confie-t-elle. En janvier 2020, à la suite de bouleversements dans sa vie, elle tranche : dans un an, elle aura quitté son travail et Paris. « Le confinement m’a donné une disponibilité mentale pour réfléchir à mon avenir », explique-t-elle. Mais que faire ? « C'était le flou total. J'ai passé des semaines à coller des post-it sur mon mur pour essayer de comprendre. » 

C’est finalement un podcast qui lui apporte la clé : elle découvre l’Institut Transitions, une formation basée à Lyon mêlant cours et missions dans des structures engagées. « J’ai eu l’impression que ça me convenait complètement », se souvient-elle. Un premier pas vers une nouvelle vie professionnelle.

Un parcours pour se réinventer

L'Institut Transitions est né d’un constat : de plus en plus de personnes cherchent à aligner leur travail avec leurs valeurs écologiques et solidaires. « Beaucoup venaient nous voir en quête de sens, mais sans trouver de réponse adaptée », explique Fanny Viry, cofondatrice de l’Institut. En parallèle, des structures engagées peinaient à recruter des profils adaptés. Pour créer ce pont, le programme Nouvelles Voies a vu le jour en 2020 : un parcours d’un an mêlant fondamentaux de la transition écologique, compétences transversales et orientation professionnelle.  Pour Fanny Viry, « l’objectif est d’aider chacun à comprendre les enjeux, développer de nouvelles compétences et construire son avenir professionnel ».

Formation Nouvelles Voies ©Institut Transitions

Chaque année, des profils variés rejoignent la formation : ingénieurs, communicants, enseignants… Certains viennent de métiers qu’ils n’avaient pas choisis, d’autres quittent des secteurs en crise. « Beaucoup veulent se réinventer, mais les métiers de demain restent à inventer », confie la cofondatrice de l’Institut.

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Face à l’envie de changement, l’Institut Transitions distingue trois catégories de métiers dans la transition écologique et solidaire. Il y a d’abord les métiers verts, liés directement aux secteurs environnementaux, comme la gestion de l’eau ou des déchets. Viennent ensuite les métiers verdissants, des professions existantes qui doivent intégrer les enjeux écologiques. Enfin, les métiers de la transition visent à transformer l’économie vers un modèle plus durable.

Les chemins de la reconversion

Mais comment amorcer cette transition professionnelle ? D’après une enquête de l’INSEE réalisée en 2019, les actifs d’aujourd’hui changent d’emploi en moyenne quatre à cinq fois au cours de leur carrière. Un parcours souvent jalonné d’interrogations. Pour les accompagner, le Conseil en Évolution Professionnelle (CEP) aide gratuitement à faire le point et envisager des alternatives. Une fois le projet défini, il est possible de solliciter un Projet de Transition Professionnelle (PTP) auprès de Transitions Pro, qui permet aux salariés de se former tout en conservant leur rémunération.

Pour explorer ces nouvelles voies, l’Institut Transitions organise chaque année à l’Hôtel de la Métropole de Lyon une Journée de la transition professionnelle écologique et solidaire, avec conférences, ateliers et un archipel des solutions. Cette année, elle aura lieu le lundi 12 mai 2025.

Badja, 50 ans, a participé en 2024 à un atelier organisé par Transitions Pro dans le cadre de la journée organisée par l’Institut Transitions. Salariée d’une association de l’économie sociale et solidaire, elle souhaitait se réorienter vers un métier plus en lien avec l’environnement. Mais l’incertitude la freine. « Oui, il y a de la peur, de l’appréhension, parce qu’on ne maîtrise pas tout », assume Badja. « J’ai besoin de faire une formation avant de décider si je démissionne ou demande une rupture conventionnelle. Et puis il y a l’âge. À 50 ans, je prends des risques. » 

©En un battement d'aile

Isabelle Teftsian, chargée d’ingénierie de parcours à Transition Pro Arras, accompagne des salariés comme Badja :  « Certaines personnes viennent nous voir trop tôt, quand leur projet n’est pas encore assez abouti. D’autres arrivent avec un projet clair et peuvent directement monter leur dossier. » Transitions Pro reçoit chaque année plus de 3 000 demandes, dont 65 % sont acceptées. 

Il faut tout de même noter que les professionnels de l’accompagnement peuvent tâtonner. De nouveaux métiers apparaissent, d’autres doivent évoluer. Certains secteurs vont devoir recruter fortement pour réussir la transition écologique et sociale, des opportunités que ces professionnels doivent identifier. Mais ils sont encore dans une phase où ils doivent eux-mêmes s’outiller et se former. 

La transition écologique peut devenir une véritable opportunité. Selon le Secrétariat général de la planification écologique, 150 000 emplois nets pourraient être créés d'ici 2030 dans les secteurs clés de la décarbonation. Et au total, ce sont près de 3 millions d’actifs qui sont attendus sur les secteurs clés de la planification bas carbone, dans les prochaines années.

[NDLR : Florence Gault a suivi le parcours Nouvelles Voies en 2021-2022 de l'Institut Transitions afin de se spécialiser sur les enjeux de transition écologique et sociale ]

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