Une formation pour se reconvertir dans la transition écologique

Un peu avant 2020, vous et plusieurs dirigeants d'associations lyonnaises constatez que de plus en plus de personnes se posent des questions et envisagent de se reconvertir dans la transition écologique et solidaire. Quel besoin se fait entendre ? 

Je fais partie de l’association Anciela, qui accompagne des personnes qui ont envie d'agir en faveur de la transition écologique et solidaire. À cette époque, j’avais identifié deux choses. D’une part, il y avait de plus en plus de personnes en quête de sens et d'utilité dans leur travail qui venaient nous voir en nous disant « mais qu'est-ce que vous pouvez faire pour nous ? ». On leur suggérait de rejoindre bénévolement des associations, mais on voyait bien que ça ne correspondait pas vraiment à ce dont elles avaient envie ou besoin. D'autre part, grâce à l'accompagnement des associations et des entreprises, on s'était rendus compte qu'il y avait tout un écosystème qui était en train d'émerger et de se développer avec des structures qui allaient être confrontées à des vrais enjeux de recrutement. Ces structures-là avaient potentiellement besoin de compétences, de personnes qui venaient d'autres mondes, mais qui avaient un enjeu d'acculturation pour qu’une rencontre puisse se faire. Il se trouve que le Covid est passé par là et qu'il y a eu, pour nous, une sorte d'alignement des planètes, puisque tout un tas de personnes ont pris le temps de se questionner sur leur vie professionnelle. Les médias ont parlé du “monde d'après” et on a pu se lancer relativement facilement.

Dans la première promotion, qui a débuté en septembre 2020, le Covid a été un élément déclencheur très fort ?  

Oui clairement. En fait, on a lancé la communication pour Nouvelles voies pendant le premier confinement et on a vu que ça faisait fondamentalement écho aussi bien à des personnes qui avaient arrêté de travailler, qu’à des personnes qui ont continué à travailler en distanciel. En fait, certaines personnes ont pris conscience que d'autres personnes étaient en première ligne, dans les hôpitaux par exemple, et se sont donc posées des questions sur l'utilité et le sens de leur métier. Ces personnes ont eu progressivement du mal à retourner au travail. Cette dimension a été très présente dans les récits des apprenants en 2020 et reste encore présente aujourd’hui. Les personnes continuent de parler de ce moment de Covid et de comment, à cette occasion, des premières graines ont germé.

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Quel est le portrait-robot de toutes ces personnes qui veulent aller travailler dans la transition écologique et solidaire ? 

Ce qui nous impressionne toujours beaucoup, c'est la diversité des personnes. Certes, on remarque certains métiers qui sont particulièrement concernés, je pense aux ingénieurs ou aux personnes qui viennent du monde de la communicationou du marketing. Mais en fait, tous les ans, on a des personnes qui viennent du social, de l'éducation nationale, etc. En termes d'âge, c'est vraiment tous âges confondus. Par contre, si je devais faire émerger deux tendances fortes aujourd'hui, pour moi, il y a d'une part ceux et celles qu'on appelle les parcours de non-choix. Ce sont des personnes qui ne se sont pas jamais posées la question de qui elles étaient et de ce qu'elles avaient envie de faire. Et la deuxième tendance que je vois vraiment apparaître depuis deux ans - et qui à mon avis n'est qu'au début - ce sont ces métiers qui ont du sens, mais qui, parce qu'il y a des problèmes institutionnels, organisationnels, amènent des personnes qui les avaient vraiment choisies à perdre la foi. Je pense aux soignants, aux enseignants, aux travailleurs sociaux qui peuvent être passionnés, mais qui ont le sentiment dans leur métier de ne pas pouvoir faire ce pourquoi ils avaient choisi ce métier.

Vous ouvrez donc un parcours d’un an “Nouvelles Voies”. Au programme : 120 heures sur les fondamentaux de la transition écologique, 80 heures de compétences transversales et 30 heures sur l'orientation professionnelle. 

 Ce qu'on aime bien dire, c'est que Nouvelles Voies, c'est un an de formation ET d'accompagnement. L'idée, c'est de permettre aux personnes de monter en compréhension des enjeux écologiques et de développer des nouvelles compétences. Mais l'enjeu, ça va aussi être de construire la suite.

Avec parfois peut-être un peu de frustration de ne pas forcément repartir avec en tête le métier qu'on va faire dans les mois, les années à venir.

Oui, complètement. La difficulté, c'est qu'il y a beaucoup de métiers qui n'ont pas encore de nom. Il y a des métiers qui sont en construction, d’autres qu'on pourrait construire demain. Et donc ce qu'on vient travailler, c'est aussi une posture chez les personnes, une posture de capacité de choix, de capacité à aller vers, à provoquer aussi un peu l'avenir et le destin. L'objectif, c'est d'être vraiment renforcé dans sa capacité à œuvrer par la suite.

Pour en savoir plus : https://www.instituttransitions.org

[NDLR : Florence Gault a suivi le parcours Nouvelles Voies en 2021-2022 de l'Institut Transitions afin de se spécialiser sur les enjeux de transition écologique et sociale ]

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