16 juil. 2025

Antoine Guerlais, de communicant à artisan de la transition énergétique

Par

Sarah Gaudry

Société

5 mins

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Après dix ans passés dans la communication, Antoine Guerlais a choisi de bifurquer. Désormais accompagnateur de coopératives énergétiques citoyennes au sein de l’association Coopawatt, il met son expérience au service de la transition écologique. Dans le cadre de la série Les portraits de l’été – La série qui donne envie de bifurquer, il revient sur les étapes de sa reconversion, entre quête de sens, engagement citoyen et volonté de contribuer à un avenir plus durable.

©En un battement d'aile

Vous avez fait des études d’information et de communication à Nantes. Quel type d’étudiant étiez-vous ?

J’étais un étudiant très motivé par le secteur de la communication. J’ai voulu en faire dès l’âge de douze ou treize ans. Après, j’ai un peu élargi mon spectre. Mais oui, motivé, envie d’apprendre, et aussi de rencontrer des gens. Les rencontres ont beaucoup compté dans mon parcours. Je voulais diffuser de l’information, des choses qui portaient du sens pour moi. J’avais aussi envie de travailler dans les collectivités territoriales, pour l’intérêt général, pour diffuser auprès des habitants. C’était vraiment l’envie première.

Après vos études, vous êtes parti à Nouméa comme assistant marketing, puis vous avez travaillé comme chargé de communication dans des projets d’aménagement urbain. Vous vous plaisiez dans ce métier ?

Oui, j’ai beaucoup aimé ce que j’ai fait. J’ai eu la chance de toucher à tout. Mais au bout d’un moment, j’ai eu l’impression d’avoir fait le tour. Il y a eu une remise en question, des choses personnelles et professionnelles. Je me suis dit que c’était peut-être le moment de faire un petit stop et de voir autre chose.

Et ce stop, vous l’avez fait en intégrant l’Institut Transition. Quels ont été les événements ou les rencontres qui vous ont amené à ce changement ?

Il y en a eu plusieurs. Même si j’aimais mon boulot, j’avais des supers collègues, de beaux projets, notamment à la Duchère. Ma structure a beaucoup oeuvré à l’aménagement de ce territoire et j’étais en lien avec les habitants. Et ça m’a beaucoup interrogé sur leur implication. Il y avait des choses que je ne comprenais pas bien, je manquais d’outils. J’avais envie d’aller plus loin sur la mobilisation citoyenne et sur les sujets écologiques.

Je connaissais déjà l’Institut Transition depuis sa création. Je savais qu’un jour j’irais, mais je voulais me donner le temps. J’ai eu un enfant aussi, ça a changé ma vision des choses. Il y a eu des prises de conscience, des rencontres, des témoignages. Le fait de croiser des personnes qui avaient suivi la formation Nouvelles Voies m’a aidé.

Mais ça demande beaucoup de réflexion, il y a des conséquences sur la vie perso, sur la famille. Il y a eu des obstacles, des doutes, mais ça m’a permis d’affiner mon projet. Nouvelles Voies m’a aidé à me découvrir, à savoir où était ma place dans le milieu de la transition.

Comment avez-vous vécu ce changement ? Quels ont été les doutes, les freins ?

Beaucoup d’excitation au début. Je suis entré à l’Institut Transitions avec une idée très claire : mettre un pied dans le monde de la transition. J’agissais peu avant ça.

Et au fil de l’année, il y a eu beaucoup d’émotions. J’ai appris à me connaître, à exprimer des choses que je gardais : la peur, la tristesse, le doute. J’avais un peu peur de ces émotions “négatives”, mais il faut les affronter pour avancer. Je pense avoir réussi à le faire. Mais c’est encore work in progress comme on dit.

À la fin de cette formation, vous cherchez un emploi, et vous publiez un message sur LinkedIn : “Si vous connaissez quelqu’un qui connaît quelqu’un… Coucou, je suis là.” Deux mois plus tard, vous intégrez l’équipe de CoopaWatt.

Oui, j’ai rejoint CoopaWatt début 2025. C’est une association et une SCOP qui accompagne les coopératives énergétiques citoyennes pour porter des projets d’énergies renouvelables.

Il y a aussi du conseil aux collectivités, de la concertation, de l’autoconsommation collective. Moi, j’accompagne les coopératives dans leur développement : technique, gouvernance, communication, cadre juridique. Je suis plus sur la communication et la mobilisation citoyenne.

Mon métier d’avant me sert clairement. Ce que j’aime chez CoopaWatt, c’est aussi le lien avec les habitants. J’avais tendance à penser que tout venait des collectivités, mais j’ai compris que les habitants, les assos, les entreprises ont aussi leur place. Les projets locaux peuvent essaimer à l’échelle nationale. C’est ce que j’essaie de faire aujourd’hui.

La mobilisation citoyenne, c’est vraiment votre domaine. Vous faites aussi du bénévolat à Anciela, une pépinière qui accompagne des porteurs de projet. Qu’est-ce que ça vous apporte ?

J’ai toujours voulu faire du bénévolat, mais je ne trouvais pas forcément ma place. L’expérience de Nouvelles Voies, les rencontres, m’ont permis de trouver là où je pouvais être utile.

Anciela, je connaissais de loin depuis longtemps. Grâce à l’Institut, j’ai rencontré les personnes qui y œuvrent. Et au bout d’un an, je me suis senti prêt à m’engager. Le bénévolat m’a aidé à me connaître, à trouver ma place dans le monde de la transition.

Et votre entourage, comment a-t-il réagi à votre changement de métier ?

Pas vraiment de surprise. Il y a eu des craintes, surtout sur le côté : est-ce que la formation est diplômante ? Est-ce que ça va déboucher sur un métier ? Moi, je savais ce que ça allait m’apporter. Nouvelles Voies m’a ouvert un écosystème.

Mon ancien directeur, quand je lui ai annoncé que je partais, m’a dit qu’il n’était pas surpris, et qu’il était content pour moi. J’ai été très bien accompagné, soutenu par mes proches. C’est en grande partie grâce à eux que j’ai pu en arriver là.

Vous vous sentez plus épanoui aujourd’hui ?

Je me sens plus à ma place, même si c’est un nouveau métier, une nouvelle structure, une nouvelle gouvernance. C’est ce que je recherchais.

J’ai encore des doutes, je n’ai pas une grande confiance en moi. Mais je vois le chemin parcouru. Je suis content de ce que je fais, même si je suis encore en progression. Avec le temps, je serai plus serein. Mais les doutes, on en a tous.

Avec le recul, changeriez-vous quelque chose dans votre parcours ?

Non. Il faut se laisser le temps. J’ai parfois voulu changer trop vite. Mais il faut rencontrer des gens, écouter ceux qui sont passés par là. On est tous différents. Ce que je retiens, ce sont les rencontres.

Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui veut bifurquer ?

Se faire confiance. Facile à dire, hein ! Mais oui, se faire confiance, et prendre le temps. Ne pas se précipiter. Être ok si ce n’est pas le bon moment, si financièrement ce n’est pas possible.

Il ne faut pas avoir peur d’aller à des événements, de franchir les portes d’une asso, de rencontrer des gens. Ce n’est pas grave si ça ne colle pas. Il faut juste oser.

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