3 déc. 2025

Écologie et fêtes de famille : comment éviter les tensions à Noël ?

Par

Florence Gault

Société

3 mins

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À l’approche des fêtes de fin d’année, nombreux sont ceux qui redoutent les discussions autour de l’écologie, des cadeaux ou des repas. Pour aider à comprendre ce qui déclenche ces tensions — et surtout comment les apaiser — Lucas Francou Damesin, cofondateur de Parlons Climat, livre ses clés de lecture et ses conseils. À partir de ses travaux et observations, il propose des repères simples pour favoriser des échanges plus sereins et préserver le lien familial.

©Stef54/Pixabay

Un repas qui se prépare, un membre de la famille qui évoque les emballages cadeaux, un autre qui rappelle que « quand même, à Noël, on a le droit de se faire plaisir ». Et soudain, les discussions s’enflamment. Les fêtes, censées être des moments de retrouvailles, deviennent parfois des terrains de confrontation. Trop de viande, trop de cadeaux, trop d’attentes. Et souvent, l’impression de devenir « l’écolo de service », celui ou celle qui doit porter le sujet, au risque de passer pour moralisateur.

Pour Lucas Francou Damesin, cofondateur de Parlons Climat, une association spécialiste de l'opinion publique sur les enjeux écolos, ces tensions ne tiennent pas uniquement aux différences de valeurs ou d’engagement écologique, mais à la manière dont elles sont abordées.

Replacer l’écologie dans une perspective collective

Selon lui, la manière d’aborder l’écologie est souvent à l’origine des tensions. « Pendant les fêtes, les personnes engagées ont parfois des attentes vis-à-vis de leurs proches, notamment sur les comportements individuels. Et ça peut vite donner l’impression de moraliser : “moi je fais ça, c’est bien, toi pas, donc ce n’est pas bien.”  »

Plutôt que de pointer ce que les autres devraient faire, il recommande de poser des questions ouvertes ou de témoigner de son propre vécu sans injonction. Il insiste également sur l’importance de ne pas réduire la discussion aux gestes individuels : « Il est important de parler de transformations de la société, de changement collecif. » Cela désamorce le jugement et recentre la conversation sur un terrain commun. 

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Comprendre la perception du désaccord

Les tensions naissent souvent plus de l’appréhension que du sujet lui-même. Lucas Francou Damesin le souligne : « On arrive souvent persuadé que la conversation va être tendue, et donc on adopte déjà une posture de pré-conflit. Alors que dans nos travaux, on montre qu'il n'y a pas forcément plus de conflit autour de l'écologie que sur l'économie par exemple. » En d’autres termes, ne pas anticiper le conflit permet d’éviter qu’il se produise.

Une autre source de crispation tient à la perception que les personnes engagées ont du fossé qui les sépare des autres. « Les gens engagés ont l'impression d'être beaucoup plus éloignés des gens non engagés… que ce que les non engagés pensent. Notamment parce qu'ils suivent des débats plus militants, présents dans des espaces plus conflictuels — comme X. » Cette distorsion amplifie les tensions. Pourtant, il rappelle que « l'inquiétude écologique est largement partagée en France ». Ce constat peut servir de point d’ancrage pour rétablir le dialogue.

Adopter une posture d’écoute

Enfin, Lucas Francou Damesin insiste sur la nécessité d’éviter d’arriver armé comme pour un débat. « À priori, vous êtes avec des gens avec lesquels vous avez un lien historique, affectif… C’est cette identité de fils, de cousin.es, oncles, tantes, que vous avez envie de mobiliser plutôt que votre casquette de “Bonjour, je suis un écolo spécialiste des ordres de grandeur” », explique-t-il.

Selon lui, il faut éviter d’arriver avec un argumentaire tout prêt : « Souvent, quand vous réfléchissez un argumentaire tout seul dans votre coin, vous trouvez des supers arguments pour vous convaincre vous-même. Mais ce n'est pas ça l'enjeu. » Chercher le terrain commun, les préoccupations partagées et les expériences personnelles reste la meilleure manière d’apaiser les échanges et de faire émerger des discussions constructives.

Il rappelle aussi que préserver le lien est essentiel : « Les trajectoires de changement sont longues, elles nécessitent plein de points de contact. » Parfois, cela signifie aussi choisir de ne pas aborder certains sujets pour éviter la crispation et garder ouvertes les portes d’une conversation future. L’objectif n’est pas de convaincre à tout prix, mais de créer un climat où une deuxième discussion pourra avoir lieu, et où chacun se sent entendu et respecté.

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